Lecture expliquée n°9 (suite 2)
Reprenons notre lecture expliquée.
Pour ceux qui prennent cette explication en route, qu'ils se reportent à la journée de lundi. J'espère que vous avez pu avancer seuls. Ce corrigé n'a en effet de sens que si vous avez au moins tenté quelque chose.
Notre Axel est bien mal en point, les rares espoirs auxquels il se rattache semblent s'effondrer. Le voilà dans une solitude profonde.. confiné (😥 euh... mot à éviter) Bon reprenons ! Je crois qu'Axel va avoir une idée.
Lignes 15 à 18
La question est donc "Comment revenir". Axel se montre rationnel, mais le granit ne laisse pas de traces. De nouvelles hyperboles expriment l'impuissance de la pensée d'Axel "Je me brisais la tête". Le participe passé "perdu" exprime grammaticalement, en un mot, une situation sans espoir
Lignes 19 à 21
Se sentant perdu, c'est-à-dire hors de la dynamique de l'exploration poursuivie par ses compagnons, Axel ressent la pesanteur de la masse terrestre qui l'environne. Il est à noter que jusqu'ici Verne, en nous entraînant dans un récit plein de péripéties, ne nous a pas vraiment fait ressentir de claustrophobie à l'intérieur de la terre (plus loin dans le roman de grands espaces vont même s'ouvrir). Au contraire ici Axel, se sent "écrasé". C'est surtout une sensation morale liée à l'immobilité. Il n'y a plus d'aventure si rien n'advient.
Lignes 22 à 29
C'est alors, au milieu de la masse écrasante de la terre, que l'esprit d'Axel désespère de sa survie. Les "choses de la terre", ce sont les souvenirs de sa vie en surface. L'imagination prend le relais de l'angoisse, et Axel, dont on connaît la nature rêveuse, c'est donc par un égarement de sa pensée et une "vive hallucination" fait revivre dans sa mémoire les étapes du voyage. Mais comme le montre la suite du paragraphe, ces souvenirs sont une évasion, une fuite de sa pensée au milieu du désespoir (l. 27-29). Axel pense à ce moment qu'il "valait mieux désespérer".
Lignes 30 à lignes 33
Dans ce paragraphe, les hyperboles construisent une image monumentale de l'architecture terrestre : "ces voûtes énormes qui s'arc-boutaient au dessus de ma tête". On pense à l'aspect d'une cathédrale gothique, ce qui, conformément à l'imagerie romantique, renforce l'atmosphère lugubre. Mais cette pensée (par le son caractère religieux) relance l'espoir. La question n'est plus "comment" (voir l. 15) mais "qui". Axel n'a plus qu'à s'en remettre à un sauveur.
Lignes 34 à 42
Et ce sauveur c'est "mon oncle". Liddenbrok a fait à plusieurs moments du roman preuve d'un dévouement quasiment paternel à l'égard d'Axel, on le voit par exemple lorsqu'il donne à Axel, sur le point de mourir de soif, le peu d'eau qui reste dans sa gourde (voir chapitre XX) Axel comprend la profondeur de leur lien réciproque en se représentant son inquiétude ("ce que le malheureux homme devait souffrir"). C'est par l'intermédiaire de cette représentation paternaliste de son oncle que les pensées d'Axel se muent en sentiments religieux : les "secours humains" deviennent les "secours du ciel". Cette idée est d'ailleurs annoncée par le paragraphe précédent. Le sentiment religieux est liée à l'évocation rassurante de souvenirs d'enfance : "je recourus à la prière", "je l'implorais avec ferveur". On peut dire que la religion est un moment pour Axel, par le biais du souvenir, de retrouver, en pensée, la surface de la terre, mais il s'agit sans doute d'une illusion.
Lignes 43 à 44
Ce moment de prière, d'abandon à la Providence (l'action bienveillante du ciel) a un effet avant tout psychologique, il rétablit le calme dans la conscience d'Axel. C'est bien par l'intelligence, et non par un quelconque miracle, qu'Axel compte être sauvé.
Lignes 45 à 48
Axel semble avoir retrouvé la sérénité de ses pensées. Il estime ses provisions, il lui est possible de tenir grâce à sa gourde et ses provisions, mais il est face à un questionnement crucial : monter ou descendre ? Une phrase courte, dont le verbe est à l'infinitif, exprime cette résolution "Monter toujours".
Lignes 49 à 51
Dans ce paragraphe, les verbes traduisent un projet non réalisé : "devais" (imparfait, valeur irréel) et pourrais (conditionnel présent). Axel, qui a retrouvé de l'espoir, peut à nouveau se projeter dans l'exploration. "Là" adverbe de temps, désigne un lieu non encore atteint, mais dans son esprit Axel s'encourage et pense avoir déjà réussi :"une fois le ruisseau sous mes pieds". Dans ce nouveau rêve éveillé Axel semble entrevoir le "sommet du Snaefell".
Lignes 52 et 54
Une éclaircie se fait dans l'esprit d'Axel, qui pense avoir trouvé le moyen de s'en sortir. L'expression "chance de salut", à connotation religieuse, traduit tout l'espoir retrouvé de rattraper le fil d'Ariane du labyrinthe, le ruisseau Hans-Bach.
Restons en là pour aujourd'hui. Vous terminerez seuls la lecture expliquée, vous montrerez comment la suite va ruiner ce moment d'espoir d'Axel
Dans la fin de votre explication. Soyez attentif aux aspects suivants :
- le retour d'une narration dynamique (action mouvement)
- la rupture de cette dynamique et l'installation de l'angoisse.
A écouter : passionnante émission sur Jules Verne, spécialement consacrée au Voyage au centre de la terre. Vous y entendrez entre autres une belle lecture de notre extrait, réécoutable en streaming émission sur Jules Verne
Pour ceux qui prennent cette explication en route, qu'ils se reportent à la journée de lundi. J'espère que vous avez pu avancer seuls. Ce corrigé n'a en effet de sens que si vous avez au moins tenté quelque chose.
Notre Axel est bien mal en point, les rares espoirs auxquels il se rattache semblent s'effondrer. Le voilà dans une solitude profonde.. confiné (😥 euh... mot à éviter) Bon reprenons ! Je crois qu'Axel va avoir une idée.
Lignes 15 à 18
La question est donc "Comment revenir". Axel se montre rationnel, mais le granit ne laisse pas de traces. De nouvelles hyperboles expriment l'impuissance de la pensée d'Axel "Je me brisais la tête". Le participe passé "perdu" exprime grammaticalement, en un mot, une situation sans espoir
Lignes 19 à 21
Se sentant perdu, c'est-à-dire hors de la dynamique de l'exploration poursuivie par ses compagnons, Axel ressent la pesanteur de la masse terrestre qui l'environne. Il est à noter que jusqu'ici Verne, en nous entraînant dans un récit plein de péripéties, ne nous a pas vraiment fait ressentir de claustrophobie à l'intérieur de la terre (plus loin dans le roman de grands espaces vont même s'ouvrir). Au contraire ici Axel, se sent "écrasé". C'est surtout une sensation morale liée à l'immobilité. Il n'y a plus d'aventure si rien n'advient.
Lignes 22 à 29
C'est alors, au milieu de la masse écrasante de la terre, que l'esprit d'Axel désespère de sa survie. Les "choses de la terre", ce sont les souvenirs de sa vie en surface. L'imagination prend le relais de l'angoisse, et Axel, dont on connaît la nature rêveuse, c'est donc par un égarement de sa pensée et une "vive hallucination" fait revivre dans sa mémoire les étapes du voyage. Mais comme le montre la suite du paragraphe, ces souvenirs sont une évasion, une fuite de sa pensée au milieu du désespoir (l. 27-29). Axel pense à ce moment qu'il "valait mieux désespérer".
Lignes 30 à lignes 33
Dans ce paragraphe, les hyperboles construisent une image monumentale de l'architecture terrestre : "ces voûtes énormes qui s'arc-boutaient au dessus de ma tête". On pense à l'aspect d'une cathédrale gothique, ce qui, conformément à l'imagerie romantique, renforce l'atmosphère lugubre. Mais cette pensée (par le son caractère religieux) relance l'espoir. La question n'est plus "comment" (voir l. 15) mais "qui". Axel n'a plus qu'à s'en remettre à un sauveur.
Lignes 34 à 42
Et ce sauveur c'est "mon oncle". Liddenbrok a fait à plusieurs moments du roman preuve d'un dévouement quasiment paternel à l'égard d'Axel, on le voit par exemple lorsqu'il donne à Axel, sur le point de mourir de soif, le peu d'eau qui reste dans sa gourde (voir chapitre XX) Axel comprend la profondeur de leur lien réciproque en se représentant son inquiétude ("ce que le malheureux homme devait souffrir"). C'est par l'intermédiaire de cette représentation paternaliste de son oncle que les pensées d'Axel se muent en sentiments religieux : les "secours humains" deviennent les "secours du ciel". Cette idée est d'ailleurs annoncée par le paragraphe précédent. Le sentiment religieux est liée à l'évocation rassurante de souvenirs d'enfance : "je recourus à la prière", "je l'implorais avec ferveur". On peut dire que la religion est un moment pour Axel, par le biais du souvenir, de retrouver, en pensée, la surface de la terre, mais il s'agit sans doute d'une illusion.
Lignes 43 à 44
Ce moment de prière, d'abandon à la Providence (l'action bienveillante du ciel) a un effet avant tout psychologique, il rétablit le calme dans la conscience d'Axel. C'est bien par l'intelligence, et non par un quelconque miracle, qu'Axel compte être sauvé.
Lignes 45 à 48
Axel semble avoir retrouvé la sérénité de ses pensées. Il estime ses provisions, il lui est possible de tenir grâce à sa gourde et ses provisions, mais il est face à un questionnement crucial : monter ou descendre ? Une phrase courte, dont le verbe est à l'infinitif, exprime cette résolution "Monter toujours".
Lignes 49 à 51
Dans ce paragraphe, les verbes traduisent un projet non réalisé : "devais" (imparfait, valeur irréel) et pourrais (conditionnel présent). Axel, qui a retrouvé de l'espoir, peut à nouveau se projeter dans l'exploration. "Là" adverbe de temps, désigne un lieu non encore atteint, mais dans son esprit Axel s'encourage et pense avoir déjà réussi :"une fois le ruisseau sous mes pieds". Dans ce nouveau rêve éveillé Axel semble entrevoir le "sommet du Snaefell".
Lignes 52 et 54
Une éclaircie se fait dans l'esprit d'Axel, qui pense avoir trouvé le moyen de s'en sortir. L'expression "chance de salut", à connotation religieuse, traduit tout l'espoir retrouvé de rattraper le fil d'Ariane du labyrinthe, le ruisseau Hans-Bach.
Restons en là pour aujourd'hui. Vous terminerez seuls la lecture expliquée, vous montrerez comment la suite va ruiner ce moment d'espoir d'Axel
Dans la fin de votre explication. Soyez attentif aux aspects suivants :
- le retour d'une narration dynamique (action mouvement)
- la rupture de cette dynamique et l'installation de l'angoisse.
A écouter : passionnante émission sur Jules Verne, spécialement consacrée au Voyage au centre de la terre. Vous y entendrez entre autres une belle lecture de notre extrait, réécoutable en streaming émission sur Jules Verne
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