"Le livre d'un mort"
Une autobiographie poétique (étude de la préface des Contemplations)
Parler à partir de l'au-delà du monde "Ce livre doit être lu comme on lirait le livre d'un mort"
Nous l'avons dit, Victor Hugo est en situation d'exil, il se sent retranché du monde et peut vivre une expérience comme une "mort", au sens d'un éloignement. Il se livre aussi sous l'influence de Madame de Girardin, à l'expérience de "tables tournantes" qui lui permettent, pense-t-il, de communiquer avec les morts lors de lugubres séances de nécromancie. N'oublions pas que la poésie est orphique (en rapport avec le mythe d'Orphée, qui explorera les enfers en charmant par son chant les créatures de l'Hadès). La mort, c'est celle de sa fille Léopoldine, survenue en 1843, et pour la rejoindre, le poète doit donc traverser le gouffre qui le sépare d'elle.
Toute autobiographie s'écrit dans le retrait de la vie, à l'âge de la maturité, de la sagesse, mais l'écrivain sait que l'oeuvre lui survivra (Chateaubriand, contemporain de Hugo a écrit des Mémoires d'outre tombe) Le poète se place donc dans un au-delà du monde, comme s'il transcendait sa vie.
Toute autobiographie s'écrit dans le retrait de la vie, à l'âge de la maturité, de la sagesse, mais l'écrivain sait que l'oeuvre lui survivra (Chateaubriand, contemporain de Hugo a écrit des Mémoires d'outre tombe) Le poète se place donc dans un au-delà du monde, comme s'il transcendait sa vie.
Le projet autobiographique "La vie, en filtrant goutte à goutte à travers les événements et les souffrances"
La période couverte par les Contemplations est de "Vingt-cinq années". Le processus de l'écriture est lent et progressif. L'auteur a laissé, pour ainsi dire, le livre "se faire en lui". La comparaison de la vie avec l'eau "filtrant goutte à goutte" évoque un ruissellement, (vous êtes familiarisés grâce à Jules Verne avec le monde des profondeurs !), dans des lieux qui symboliquement se rapporte à "l'âme" (vie spirituelle") ou "le fond de son cœur" (vie affective). Nous retrouvons les thèmes habituels du romantisme, souffrance du cœur (pathétique) et élévation de l'âme (sublime). Le recueil est donc un "fond" où se sont déposés les poèmes (symbolisés par l'eau)
Témoigner de l'invisible "Des fantômes vagues, riants ou funèbres"
Cette vie déposée dans le recueil a quelque chose d'évanescent "des fantômes vagues, riants ou funèbres", une "nuée sombre". Mais la traversée de la vie est néanmoins active, c'est un "esprit qui marche de lueur en lueur". Il y a donc bien, à travers le recueil, un mouvement, une construction dynamique, qui doit d'ailleurs s'achever par un triomphe : "le bruit du clairon de l'âme". A la fin de la préface Hugo présente l'ordre de son recueil, sa trajectoire "la joie", "s'effeuille et disparaît" dans "le deuil".Quand au tombeau qui sépare les deux grandes parties du recueil" Aujourd'hui" et "Autrefois", c'est celui de Léopoldine.
La relation au lecteur "Ah insensé, qui crois que je ne suis pas toi"
Le romantisme est souvent réduit à l'expression solitaire du Moi poétique. Victor Hugo rappelle ce reproche ("on se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi"), par lequel il se sent visé. C'est pourquoi l'auteur rappelle que lecteur doit se retrouver dans les poèmes du recueil. La démarche n'a de sens que si le lecteur se retrouve la quête du poète. Victor Hugo veut établir une véritable communion avec son lecteur, qui comme lui est concerné par l'amour, la mort, Dieu. Voilà pourquoi il lui dit "quand je vous parle de moi, je vous parle de vous". Son projet est en effet d'écrire "l'histoire de tous". Victor Hugo le dit dès le début de la préface, son recueil sera un miroir où le lecture retrouvera sa propre image : "Ceux qui s'y pencheront retrouveront leur propre image dans cette eau profonde et triste, qui s'est lentement amassée là, au fond d'une âme".
Pour la prochaine fois
Lire les poèmes "Réponse à un acte d'accusation" (I, 7, vers 30-73 et 192-fin). et "Quelques mots à un autre" (I, 26, vers 63-90)
Question : dans les passages indiqués, montrez que Victor Hugo remet en question toutes les hiérarchies, esthétiques, sociales.. (le beau, le laid, le noble, le roturier..)
Pourquoi peut-on dire que le romantisme apporte une révolution du langage ?
Pour la prochaine fois
Lire les poèmes "Réponse à un acte d'accusation" (I, 7, vers 30-73 et 192-fin). et "Quelques mots à un autre" (I, 26, vers 63-90)
Question : dans les passages indiqués, montrez que Victor Hugo remet en question toutes les hiérarchies, esthétiques, sociales.. (le beau, le laid, le noble, le roturier..)
Pourquoi peut-on dire que le romantisme apporte une révolution du langage ?
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