Lecture expliquée n°12 : "Lise" (début)
Problématique : comment le poète se présente-t-il à travers ce souvenir d'enfance?
remarque sur la forme de ce poème. Ce poème est composé de sept strophes de six vers (sizain). Le vers utilisé est le décasyllabe (vers de 10 syllabes). Dans le type de vers l'accent est sur la quatrième syllabe (rythme 4/6)
Les strophes sont des sizains (strophes de 6 vers) qui se présentent sous la forme d'un quatrain de rimes croisées (ABAB) et d'un distique de rimes suivies (CC).
Vers 1 à 2
J’avais douze ans ; elle en avait bien seize.
Elle était grande, et, moi, j’étais petit.
Le poème adopte une forme narrative, il présente deux protagonistes, le poète et la jeune fille. Le poète est pré adolescent, et Lise a seize, l'âge de l'épanouissement de la jeunesse.
Remarquez que dans le poème "Vieille chanson du temps jadis", on retrouve la même différence d'âge, mais cette fois c'est le poète qui a seize ans, Rose en a vingt.
Remarquez la construction en chiasme de ces deux vers, qui met en valeur le croisement des pronoms "Elle" et "Je"/"moi", qui met en place un jeu et une complémentarité. Le choix de rimes croisées justement renforce cette impression dans tout le poème.
Le poète inférieur en âge, il doit donc en quelque sorte, se mesurer à elle.
Vers 3 à 6
Pour lui parler le soir plus à mon aise,
Moi, j’attendais que sa mère sortît ;
Puis je venais m’asseoir près de sa chaise
Pour lui parler le soir plus à mon aise.
Dans ces vers se poursuit le récit du rapprochement entre le poète et la jeune fille (qui n'est toujours pas nommée). On voit que le poète recherche une proximité, une intimité même, en l'absence de la mère, comme pour mieux se mettre sous la protection de cette compagne plus âgée. que lui.
La répétition du vers 6 crée un effet d'insistance mais aussi une variation, n'occupant pas la même place dans la syntaxe de la phrase, ces deux vers identiques ne se prononcent pas de la même manière.
Vers 7 à 8
Que de printemps passés avec leurs fleurs !Ces deux vers contrastent avec le climat intimistes. Les exclamations marquent une tonalité élégiaque. Le poète fait entendre une plainte lyrique sur le temps qui passe, sur les anciens printemps. Et introduit de manière inattendue le thème de la mort. Les souvenirs d'enfance sont des mondes inaccessibles, des "tombes closes"
Que de feux morts, et que de tombes closes !
Vers 9 à 10
Se souvient-on qu’il fut jadis des cœurs ?Après deux vers exclamatifs, voici deux vers interrogatifs, qui expriment la même tonalité élégiaque. L'anaphore "Se souvient-on" exprime bien le regret, et le parallélisme de construction de ces deux vers associe les mots "cœurs" et "roses" à la rime.
Se souvient-on qu’il fut jadis des roses ?
Vers 11 et 12
Elle m’aimait. Je l’aimais. Nous étionsRemarquons la simplicité de ce vers, qui exprime la simplicité et la réciprocité d'un amour d'enfance. Le contre rejet de "Nous étions" en valeur le pronom "nous" fusion de "Elle" et "Je".
Deux purs enfants, deux parfums, deux rayons.
Au vers 11, l'amour est spiritualisé : "purs enfants", "parfums", "rayons". L'enfance a souvent chez Hugo un caractére angélique, comme le montre par exemple certains poèmes de "Pauca meae"
Vers 13 et 14
Dieu l’avait faite ange, fée et princesse.
Comme elle était bien plus grande que moi,
Les noms "d'ange, fée et princesse", rappelle le prestige assez mystérieux de le jeune fille qui règne sur le cœur du poète enfant. C'est cela qui fait qu'elle est "grande", qu'elle en impose. Mais la tournure comparative "plus grande que" montre que l'enfant veut aussi se mesurer à elle. Il va le faire grâce à son savoir.
Vers 15 et 16
Je lui faisais des questions sans cesse
Pour le plaisir de lui dire : Pourquoi ?
L'attitude du poète est ici infantile, mais en livrant ainsi au questionnement, il témoigne de sa curiosité, d'un désir insatiable de savoir. Ce "Pourquoi ?", placé en fin de vers, se rapporte à la curiosité de l'enfant mais aussi au questionnement existentiel du poète.
Vers 17 et 18
Vers 19 à 22
Ici le poète se décrit en enfant, le savoir est associé aux jeux traditionnels. Mais les aptitudes de l'enfant semblent le valoriser et témoigne de ses potentialités. Phèdre et Virgile sont de grands poètes latin
Vers 23 à 24
L'enfant est un conquérant, il s'est présenté plus haut comme "fier", il se montre ici tel un soldat intrépide ("rien ne me faisait mal") et rappelle que son père est général. En effet Victor Hugo est le fils du général Hugo, qui a servi sous l'empire. Et en effet, la vocation militaire n'est pas étrangère à Victor Hugo "J'ai des rêves de guerre en mon âme inquiète / J'aurais été soldat si je n'étais poète", dit-il dans Odes et ballades.
Vers 25
Vers 26 à 28
Vers 29 et 30
Et, par moments, elle évitait, craintive,Ces vers décrivent l'attitude la jeune fille troublée par l'amour naissant du poète. Remarque l'allitération en /v/ ("évitai", "craintive", "rêveur", "pensive") qui rend ce vers très fluide et traduit le secret des pensées. La consonne /v/ est au centre du mot "rêve". C'est bien la pensée et le rêve du poète qui la dérangent quand cessent les questions.
Mon œil rêveur qui la rendait pensive.
Vers 19 à 22
Puis j’étalais mon savoir enfantin,
Mes jeux, la balle et la toupie agile ;
J’étais tout fier d’apprendre le latin ;
Je lui montrais mon Phèdre et mon Virgile ;
Ici le poète se décrit en enfant, le savoir est associé aux jeux traditionnels. Mais les aptitudes de l'enfant semblent le valoriser et témoigne de ses potentialités. Phèdre et Virgile sont de grands poètes latin
Vers 23 à 24
Je bravais tout ; rien ne me faisait mal ;
Je lui disais : Mon père est général.
L'enfant est un conquérant, il s'est présenté plus haut comme "fier", il se montre ici tel un soldat intrépide ("rien ne me faisait mal") et rappelle que son père est général. En effet Victor Hugo est le fils du général Hugo, qui a servi sous l'empire. Et en effet, la vocation militaire n'est pas étrangère à Victor Hugo "J'ai des rêves de guerre en mon âme inquiète / J'aurais été soldat si je n'étais poète", dit-il dans Odes et ballades.
Vers 25
Quoiqu’on soit femme, il faut parfois qu’on liseCe vers est évidemment la clé du poème, "lise", forme conjuguée du verbe lire au subjonctif présent, est ici un homonyme du nom de la la jeune fille. L'amour, ici autant celui d'une jeune fille, que celui de la lecture. Le première proposition de la phrase présente-t-elle un préjugé ("Quoiqu'on soit femme..") une forme de misogynie, à l'époque les femmes ne recevaient pas la même instruction que les hommes?
Vers 26 à 28
Dans le latin, qu’on épelle en rêvant ;Le latin faisait partie de l'instruction des jeunes gens à l'époque, pour le poète l'étude du latin n'a rien d'austère puisqu'on "l'épelle en rêvant". Le lieu où le poète enfant peut se rapprocher avec la jeune fille est "l'église", qui rime avec "Lise". L'église devient le lieu d'une proximité amoureuse, emprunte de religiosité romantique.
Pour lui traduire un verset, à l’église,
Je me penchais sur son livre souvent.
Vers 29 et 30
Un ange ouvrait sur nous son aile blancheLe dimanche après-midi avait lieu l'office de Vêpres où on lisait les psaumes. Ce souvenir, avec la visite de l'ange qui "ouvrait sur nous aile blanche" semble baigner dans une atmosphère surnaturelle. L'aile protectrice de cet ange biblique évoque aussi la page d'un livre que l'on tourne. Cette strophe peut évoquer la peinture religieuse chrétienne, où les anges inspirent l'interprétation des saintes écritures.
Quand nous étions à vêpres le dimanche.
Pour la prochaine fois, terminer la lecture expliquée
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